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Cap21 LRC Toulouse

Des primaires de la société civile ? Essayons. C'est le renouveau de la démocratie

29 Février 2016, 14:25pm

Publié par Corinne Lepage

Des primaires de la société civile ? Essayons. C'est le renouveau de la démocratie

LE PLUS. Partis politiques fragilisés, nombre de militants encartés en baisse, défiance envers le monde politique... Face à un système politique qu'elle estime à bout de souffle, la députée européenne Corinne Lepage se félicite que des initiatives visant à organiser des primaires de la société civile, en dehors de tout parti politique, se mettent en place dans la perspective de 2017.

Édité par Sébastien Billard

 


 

Jusqu’à présent, le débat politique s’orientait, dans le cadre de la préparation des élections présidentielles, autour de primaires à droite – qui ne semble intéresser que les ténors des républicains à ce jour – et d’éventuelles primaires à gauche réclamées par certains écologistes et des personnalités de la "gauche de la gauche".

 

Et puis, ce qui était sous-jacent depuis plusieurs mois arrive à maturité. Malgré la fermeture à double tour du système politique pour en exclure la société civile, celle-ci s’organise et mieux encore les citoyens la réclame.

 

Les initiatives qui visent à organiser des primaires de la société civile, en dehors de tout parti politique et avec une orientation bien différente, sont en voie de structuration.

 

Bloc de droite et bloc de gauche ne signifient plus rien 

 

Elles partent du principe que la situation du pays exige de passer au-delà des critères droite/gauche qui sont de plus en plus dépassés – et les débats actuels autour de la déchéance de nationalité ou du droit du travail le démontrent.

 

Ces primaires de la société civile sont donc ouvertes à tous, sur la base d’un socle commun extrêmement large permettant à des sensibilités dites de droite ou dites de gauche de se retrouver. La situation d’extrême difficulté de notre pays n’exige-t-elle pas, comme l’avait fait le Conseil national de la Résistance en 1945 – dans une situation bien différente –, de déterminer une base commune permettant ensuite à des sensibilités de s’exprimer ?

 

En réalité, bloc de droite et bloc de gauche ne signifient plus rien lorsque l’on voit des convergences beaucoup plus grandes entre des "courants" venus de chacun de ces blocs qu’à l’intérieur de chacun d’entre eux. De plus, le glissement incontestable vers la droite du curseur de la vie politique française rend irréaliste les propositions de l’extrême gauche ; quant au FN, non seulement il reste marqué par ses origines idéologiques mais les solutions proposées n’en sont pas.

 

D’où la nécessité de marquer un socle commun qui puisse rassembler les bonnes volontés sans se laisser enfermer par des logiques partitocratiques qui excluent cet objectif majeur. Il s’agit de partager une direction commune et surtout une manière de gouverner.

 

La société civile peut permettre à la France de s'en sortir

 

La classe politique s’est forgée les règles qui lui convenaient qu’il s'agisse du financement des partis politiques, des règles de cumul de mandats, des règles pénales ou des régimes sociaux. Il est temps de faire la révolution au sens étymologique du terme.

 

Seule la société civile peut permettre à la France d’en sortir, en exigeant l’application du droit commun à tous, le renouvellement des responsables politiques, la réduction drastique du nombre des élus tant au niveau national qu’au niveau du mille-feuille administratif, un changement radical dans l’élaboration des règles afin non seulement de réduire massivement le nombre mais surtout de se focaliser sur les objectifs et non sur les outils pour y parvenir.

 

Elle peut aussi revenir à un bon sens minimum qu’il s’agisse de l’éducation, de la préservation de notre patrimoine commun (qu’il soit gastronomique, paysager, historique, culturel) et bien sûr de la laïcité définie simplement comme l’application dans la sphère publique des lois de la République à l’exclusion de toute autre référence.

 

Enfin, la société civile est en capacité d’imposer les réformes auxquelles certains corps intermédiaires sont opposés non pas au nom de l’intérêt général mais de leur propre stratégie de pouvoir.

 

La présidentielle 2017 est une vraie opportunité

 

La possibilité qu’aura la société civile de mettre dans le débat des sujets qui fâchent la classe politique est essentielle pour permettre à nos concitoyens qui se sont éloignés de la politique par dégoût et sentiment d’impuissance de retrouver l’attrait du débat et de l’engagement.

 

Jusqu’à présent, la classe politico-médiatique a considéré avec le plus grand mépris des initiatives de la société civile et le travail de ses représentants lorsque ceux-ci arrivaient à des postes de pouvoir. Instrumentalisés par les partis politiques pour essayer de détruire dans l’œuf toute velléité  d’autonomisation, les hommes et femmes non issus du sérail politicien ont effectivement rencontré de grandes difficultés dans la mesure où ils étaient dans l’incapacité de peser sur les règles du jeu.

 

L'élection présidentielle de 2017 offre pour la première fois à la société civile la capacité de peser très sérieusement dans le débat, voire même de l’emporter. Deux sondages récents sont particulièrement éclairants.

 

Un sondage commandé par Synopia et publié au début du mois de février démontrait que 2 Français sur 3 étaient prêts à soutenir une primaire non partisane. L’intérêt de ce sondage tient à ce que toutes les catégories socioprofessionnelles et toutes les sensibilités politiques se situent entre 60 et 70 pour cent d’opinions favorables. Le second sondage, publié le weekend dernier dans "20 minutes", démontrait que 8 Français sur 10 étaient prêts à élire un président en dehors des partis politiques.

 

C’est le renouveau de la démocratie

 

Le système partitocratique a confisqué la démocratie depuis des décennies.

 

Non seulement il a modifié le système de choix des candidats à l’élection présidentielle que le peuple français avait pourtant approuvé par référendum en limitant aux seuls élus la capacité de présenter des candidats. En effet, le choix initial du général de Gaulle, approuvé par référendum, à permettre aux membres du conseil économique et social de soutenir un candidat qui n’avait à réunir que 100  parrainages et non pas 500.

 

Nos élus actuels sont en train de modifier à nouveau les règles du jeu pour essayer de réduire la présence médiatique des candidats non présentés par les grands partis…. En attendant qu’ils inventent d’autres règles pour essayer de fausser le jeu.

 

Les primaires de la société civile, c’est le renouveau de la démocratie. Plus nos concitoyens seront nombreux à y participer, plus ils contribueront à permettre à notre pays de sortir de la gangue dans laquelle il est enfermé.

 

Par 
Ex-ministre

 

Source : L'Obs

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1490118-des-primaires-de-la-societe-civile-essayons-c-est-le-renouveau-de-la-democratie.html

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Ecologistes, stop au sectarisme et aux querelles politiciennes. Notre projet mérite mieux

15 Février 2016, 15:23pm

Publié par Corinne Lepage

François de Rugy, Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili, à l'Elysée le 14 mai 2014.

François de Rugy, Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili, à l'Elysée le 14 mai 2014.

LE PLUS. Après la nomination au gouvernement d'Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili, les réactions écologistes sont vives. Entre accusations de carriérisme et désillusion, des militants et des élus comme Esther Benbassa sont virulents. Pour Corinne Lepage, ex-ministre de l'Environnement, ce qui compte désormais avant tout, c'est notamment la force de la société civile.

Édité par Henri Rouillier 

 


L’implosion d’Europe Écologie-Les Verts – que caractérise mais ne provoque pas l’arrivée de trois élus issus de cette formation au gouvernement – ne fait que traduire une incapacité française pour le monde de l’écologie à s’organiser de manière pragmatique et stratégique sur le plan politique.

 

L’écologie politique n’a jamais été en capacité de s’unir pour la bonne et simple raison que le sectarisme d’une partie de l’écologie venue de l’extrême-gauche s’y est opposée.

 

Le douloureux rejet des écologistes

 

Cette posture a bénéficié d’une alliance à géométrie variable avec des personnalités dotées d’un talent indéniable dans la course au carriérisme et à l’opportunisme. Cela n’aurait guère d’importance si toute la sphère des défenseurs de l’écologie n’était pas impactée par cette situation et plus grave encore, si elle n’avait pas des conséquences catastrophiques sur la promotion d’une réelle transition économique vers le Nouveau Monde.

 

L’exemple de Notre-Dame-des-Landes illustre ce qui précède. Ce projet est parfaitement déraisonnable, très mal ficelé, d’un coût astronomique en cas de dédit. Pour autant, il ne devrait pas concentrer à lui seul la quasi-totalité du débat alors qu’il s’agit d’un sujet secondaire par rapport à celui de l’énergie (la France a encore reculé en Europe pour sa part d’énergie renouvelable et la sécurité nucléaire devient un véritable problème), de la pollution chimique (la question des perturbateurs endocriniens a beaucoup plus d’incidence pour nos concitoyens que la réalisation ou non de cet aéroport) ou du dieselgate. Cette forme d’entonnoir dans lequel les partis politiques sont ravis d’enfermer l’écologie est une catastrophe pour les écologistes mais aussi et surtout pour l’avenir de notre pays.

 

Il est temps d’en sortir et ce n’est pas dans des recherches purement politiciennes que les solutions seront trouvées. L’écologie est de moins en moins populaire parce que les écologistes sont de plus en plus rejetés. C’est particulièrement douloureux pour moi, qui combats pour une véritable alliance de l’économie et de l’écologie depuis 40 ans et qui croit encore que l’humanisme du XXIe siècle comme le progrès humain passent inéluctablement par un changement de modèle économique et de développement.

 

La clé est dans les mains de la société civile et des entreprises

 

Mais, la politique de l’autruche n’a jamais marché et il faut nous rendre à l’évidence. L’écologie est née de la rencontre entre des mouvements de la société civile et des intellectuels qui ont pensé, très en avance (voir par exemple Jacques Ellul) les difficultés auxquelles la société contemporaine était confrontée. Aujourd’hui, c’est dans l’action et non dans la parole que se joue le sort de l’écologie.

 

Ce sont les entreprises de la nouvelle économie, les associations de citoyens qui s’organisent pour produire leur énergie ou faire vivre les circuits courts, les collectivités locales qui innovent pour créer des écosystèmes performants et économes qui changent la vie, rendent réel le Nouveau Monde et donnent de l’espoir à tous ceux, confrontés aux immenses difficultés des temps présents, qui ont décidé de reprendre leur destin en main. C’est en repartant de ces nombreuses réalisations – et le succès du film "Demain" en est la preuve – que nous allons rendre le projet de société que nous portons, crédible, souhaitable, accessible.

 

L'écologie, un impératif majeur de sécurité, d'économie et de survie

 

Cherchons à mettre en réseau toutes ces initiatives, à les massifier car elles créent de l’activité économique, de la richesse et des emplois. Coopérons entre initiatives. Oublions la question de savoir si ces initiatives sont de droite ou de gauche, car cela n’a aucune importance dès lors qu’elles s’inscrivent dans cette immense transition que nous n’avons pas choisie mais dont nous pouvons faire en sorte qu’elle assure un avenir désirable.

 

La réduction des inégalités n’est plus seulement un impératif moral ; c’est une nécessité économique. La réduction drastique des pollutions n’est plus seulement un impératif écologique ; c’est une nécessité économique et financière. La priorité donnée à l’éducation et la santé n’est plus seulement un objectif social ; c’est un impératif économique, budgétaire et sociétal. La lutte contre le changement climatique et le changement de modèle énergétique (pour de vrai et non de manière virtuelle) ne sont pas des sujets "écolos" ; ce sont des impératifs majeurs de sécurité, d’économie et même de survie de l’humanité.

 

Les écologistes – ou tout au moins certain d’entre eux – ont été indéniablement des lanceurs d’alerte. Mais seules comptent désormais les réalisations. La société politique étant aujourd’hui ce qu’elle est, c’est dans la société civile qu’il faut reconstruire et devenir les principaux acteurs de la transition.

 

Alors, et tout naturellement, le poids politique des acteurs du changement que nous sommes sera tout autre comme le sera le regard de nos concitoyens sur notre capacité à la cohérence, à l’action positive, à la résolution des problèmes.

 

Alors, travaillons. Nouons des partenariats pour trouver les meilleures solutions. Coopérons au sein d’un vaste réseau ouvert à la société civile. Apportons des preuves de notre capacité à agir. En bref, oublions les appareils politiciens pour nous consacrer au changement dans les faits.

 

Avatar de Corinne Lepage

Par 
Ex-ministre

 

Source :  L'Obs

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1482281-ecologistes-stop-au-sectarisme-et-aux-querelles-politiciennes-notre-projet-merite-mieux.html

 

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La part de Normandie de Corinne Lepage

6 Février 2016, 23:26pm

Publié par Paris-Normandie

Corinne Lepage dans son cabinet d’avocate à Paris

Corinne Lepage dans son cabinet d’avocate à Paris

Environnement. Corinne Lepage a toujours défendu ses idées de façon indépendante et a mené quelques batailles de Normandie avec une détermination sans faille. Retour sur ses souvenirs de combattante pour la vérité, la justice et la prévention des risques dans son territoire de cœur.

 

C’est un petit bout de femme qui n’a pas hésité à s’attaquer à des multinationales géantes. Ses adversaires d’un jour (en réalité souvent durant plusieurs années...) s’appellent Total, Monsanto, etc. Corinne Lepage, avocate spécialisée dans la défense des causes environnementales a assigné, défendu, et souvent remporté des victoires. Ainsi, elle a réussi à prouver la responsabilité de la multinationale Total dans l’échouage du pétrolier Erika en 1999 et à faire condamner solidairement ce tout-puissant affréteur. Et de la Bretagne à la Normandie, il n’y a qu’un pas...

Ses liens avec la Normandie remontent à son enfance du côté de Verneuil sur-Avre, dans le tout petit et charmant village de Courteilles au sud du département de l’Eure. « C’était dans la maison de mes grands-parents. Je garde de bons souvenirs empreints d’une certaine nostalgie de cette époque. J’allais chercher dans l’épicerie du coin des malabars et des carambars... Je ramassais les pommes, je lavais les bouteilles pour les remplir de cidre », évoque l’ancienne ministre de l’Environnement dans le gouvernement d’Alain Juppé. Elle fut plus tard euro-députée dans la circonscription Nord-Ouest sans être réélue en 2014.

premiers combats à flamanville

Tandis que son grand-père avait un privilège de bouilleur de cru, bien plus tard et face à des injustices manifestes, le sang de Corinne Lepage bouillira souvent dans ses veines... Ce fut le cas lors de l’expropriation d’un agriculteur s’opposant à la confiscation de ses terres pour la construction de la centrale nucléaire de Flamanville. « Je me souviens qu’avant même l’obtention du permis de construire pour l’implantation de la future centrale, une partie de la falaise avait été arasée sous les yeux en pleurs de cet agriculteur qui avait été d’ailleurs accusé à tort d’avoir pris son fusil... » De fait, les combats de l’écologiste ont souvent été menés entre colère et espoir, du nom d’un de ses ouvrages diffusé gratuitement sur Internet et qui reprend sur quatre cents pages toutes ses chroniques hebdomadaires de France Culture. Elle s’en prend, en autres, aux risques environnementaux et sanitaires liés à la diffusion des OGM, à la régression des libertés publiques (Hadopi, fichier Edvige), mais encore aux nombreux lobbyings. « J’ai vu la transformation de la Normandie à cause du nucléaire. Je me souviens encore de la façon dont la Cogema a fait élire maires ses salariés dans certaines communes avoisinantes qui à l’origine s’opposaient à l’implantation du site de la Hague », déplore Corinne Lepage toujours prête à pointer du doigt les arrangements illicites.

Son premier mandat d’élue en tant que maire adjoint de Cabourg, en 1989, tournera vite au vinaigre. « Cela a commencé dès la deuxième séance du conseil municipal cabourgeais, quand je me suis opposée à la délégation de service public de l’eau au profit d’une compagnie privée sans justification de mise en concurrence. Et quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai constaté que la campagne électorale du maire Didier Van Temsche - qui m’avait fait venir sur sa liste - avait été financée par cette même compagnie... », soupire l’élue qui a par la suite combattu avec acharnement le premier édile qu’elle a fini par faire condamner. Avec quelques effets collatéraux comme les réunions qui frisaient le pugilat, et le bris des glaces de sa voiture... Après cette déplorable expérience, elle fut réélue maire adjoint de Cabourg pour un second mandat. C’est là qu’elle organisera un des mémorables G7 de l’environnement.

remontée contre une porcherie géante

Mais Corinne Lepage n’a pas pour autant quitté Cabourg où elle a acquis en 1976 un pied à terre « pour pouvoir aller de temps en temps respirer un air plus sain ». Et forcément, pour l’ancienne ministre qui a fait voter - il y a vingt ans - la loi (qui porte son nom) pour préserver la qualité de l’air, cela a du sens... « J’aime toujours ces balades au bord de mer où les couleurs sont sans cesse changeantes dans ce subtil mariage entre le sable, la mer et le ciel », souligne l’élue qui a par ailleurs réussi à mettre en place une zone de protection du patrimoine architectural et urbain afin que Cabourg conserve son cachet, et par là, son attrait touristique.

« J’aime bien aussi, plus à l’intérieur des terres, Beuzeville, mais également le Havre où je me rends régulièrement au Forum de l’écologie positive. Et je dois encore citer Honfleur et les liens amicaux que j’entretiens avec son maire. »

Au nombre de ses batailles victorieuses menées en Normandie, il faut encore mettre à l’actif du défenseur de la qualité de vie et de l’environnement la lutte qu’elle a engagée contre l’implantation de quelques méga porcheries dont celle d’Ambrumesnil en Seine-Maritime. Là encore en se faisant de nombreux ennemis au passage.

Malgré tout, Corinne Lepage se défend parfois d’être écolo, et en explique les raisons : « Pour certains, hélas le terme écolo a une connotation péjorative ou négative. Et si l’on me demande si je suis de droite ou de gauche, je réponds que je suis de devant... »

philippe Schaeffer

 

Source : Paris Normandie

http://www.paris-normandie.fr/detail_article/articles/5054249/la-part-de-normandie-de-corinne-lepage#.Vrb2W1kmb7y

Bio express

- 1951 : naissance à Boulogne-Billancourt

- 1975 : prestation du serment d’avocate

- 1980-1987 : enseignante à l’Institut d’études politiques de Paris

- 1995-1997 : ministre de l’Environnement

- 1996 : vote de la loi sur l’air

- 2000 : création du parti Cap21, dont elle devient la présidente

- 2002 : création de l’Ovale (Observatoire de vigilance et d’alerte écologique)

- 2006 : avocate de certaines parties civiles dans le procès de l’Erika

- 2009 - 2014 : élue députée européenne

- 2009 : lancement du club Terre démocrate

- 2013 : création du Rassemblement citoyen

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Corinne Lepage : « La COP21 a été une réussite diplomatique. Mais pas climatique »

6 Février 2016, 12:12pm

Publié par Le Pays d'Auge

Corinne Lepage à Trouville, ce samedi 6 février 2016

Corinne Lepage à Trouville, ce samedi 6 février 2016

En juin dernier, François Hollande vous a confié une mission sur « Les droits de l’humanité ». Pouvez-vous expliquer en quoi cela consiste ?

Cela vise à ce que la pérennité de l’espèce humaine soit assurée. C’est un complément à la déclaration des Droits de l’homme. Ainsi, on passe de l’individuel au collectif. Le texte a été traduit dans toutes les langues représentées à l’ONU et peut ainsi servir de base sur des actions juridiques. Le lien avec la COP21 c’est la protection du climat qui est une responsabilité collective. Aujourd’hui, une association a été constituée pour que cette déclaration des Droits de l’humanité soit soutenue à l’ONU.

Tout le monde parle d’un succès de la COP21. Est-ce vraiment le cas ?

À mes yeux c’est un succès diplomatique. On a fait le maximum de ce que l’on pouvait faire. En revanche, ce n’est pas un succès climatique. Car les engagements pris ne sont pas contraignants. Ce qui est tout de même positif, c’est la mise en place d’un système d’évaluation.

Votre conférence ce samedi évoquera « l’après COP21 ». De quoi s’agit-il ?

L’axe essentiel sera de démontrer que l’action dépend de nous tous. La société civile peut et doit faire des choses. Car l’État, lui, a montré ses limites.

« Une primaire citoyenne »

Récemment, les sénateurs ont voté à une large majorité l’interdiction de l’usage des pesticides néonicotinoïdes, très dangereux pour la survie des abeilles. Quelle est votre réaction ?

J’en pense le plus grand mal. C’est inadmissible. Les sénateurs ont fait preuve d’une méconnaissance totale sur le sujet. On est là avec des gens qui ont une vision économique archaïque. Ce n’est pas parce que l’on aide une multinationale à vendre ses produits que l’économie ira mieux. C’est une vraie catastrophe et l’affaire des abeilles est très grave. Voter cette loi, c’est même criminel. Au sens moral du terme. La charte de l’environnement ne permet pas ça. Cela porte une atteinte vitale à la biodiversité et à l’humanité. Einstein (ndlr : Albert) disait d’ailleurs : « l’humanité ne peut pas vivre sans les abeilles ». J’espère maintenant que l’Assemblée nationale va adopter une position plus sage.

Avec les réserves d’actifs, la loi sur la biodiversité facilite t-elle la marchandisation de la nature ? La biodiversité est-elle devenue un bien marchand ?

Non je ne crois pas. Il y a un problème éthique. On vit dans une société où ce qui n’est pas évalué vaut zéro. Donc c’est mieux que de ne pas l’évaluer du tout.

Quel regard avez-vous aujourd’hui sur la politique actuelle ? Environnementale d’abord, puis globale ?

Sur l’environnement j’ai un jugement pondéré. Les lois sur la transition énergétique et sur la biodiversité sont plutôt positives. […] Je suis pour une taxe carbone, autrement dit une éco-taxe, mais pas de la façon dont cela a été fait précédemment. D’ailleurs, la loi sur cette éco-taxe existe toujours. Le gouvernement devrait prendre ses responsabilités. Et de façon plus générale, je suis assez critique sur le fonctionnement de la classe politique. Les Français aspirent à une autre manière de faire de la politique.

Seriez-vous prête à vous engager de nouveau en politique ?

Je ne suis plus élue, mais je suis toujours une femme engagée. Je travaille avec d’autres sur la mise en place d’une primaire citoyenne pour présenter un candidat de la société civile aux prochaines présidentielles. Je veux que cela soit mis en place pour défendre des projets qui ne sont pas défendus par les politiques.

Si François Hollande vous demandait d’intégrer le gouvernement lors d’un remaniement, vous iriez ?

La question ne se pose pas. Surtout à un an de la Présidentielle.

Où en est votre mouvement CAP21 ?

C’est devenu CAP21-Rassemblement citoyen avec deux collèges : un politique et un citoyen. Nous avons des élus et comme je le disais, nous travaillons à des primaires citoyennes.

Propos recueillis par Richard DUVAL

 

Source :  Le Pays d'Auge

http://www.lepaysdauge.fr/2016/02/06/corinne-lepage-la-cop21-a-ete-une-reussite-diplomatique-mais-pas-climatique/

 

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Les graves erreurs de l'État en matière d'énergie nucléaire

1 Février 2016, 07:33am

Publié par Corinne Lepage

Les graves erreurs de l'État en matière d'énergie nucléaire
Les graves erreurs de l'État en matière d'énergie nucléaire
Les graves erreurs de l'État en matière d'énergie nucléaire

 

Consciente que les risques n'étaient pas la seule et unique question autour du nucléaire, dès la première décennie du XXIème siècle, j'ai souhaité mettre la question des risques financiers de la filière sur la table. En abordant ces questions il y a plus de 10 ans, j'étais bien seule comme politique sur la question de l'inadéquation des coûts avec le marché énergétique. Il aura fallu Fukushima, le 11 mars 2011, pour trouver un éditeur acceptant de publier "La vérité sur le nucléaire" aux éditions Albin Michel qui mettait en avant pour la première fois la question du coût et du prix. J'écrivais

"la situation était déjà très difficile pour Areva avant le 11 mars 2011... la difficulté principale réside dans le corps de la société elle-même. Son activité initiale ne se poursuit qu'en raison de l'obligation pour EDF de faire traiter ses déchets, et l'activité de production d'uranium est très fragilisée par la conjoncture internationale... la vente des EPR paraît déjà fortement compromise... l'activité de production d'uranium devrait être transférée à une filiale, prélude sans doute à une cession".

 
 

La couverture médiatique de ce livre n'a pas été à la hauteur de son succès de librairie, mais il remet tellement en cause le système français que cela est logique.

A aucun moment, le débat public autour de l'avenir de la filière en général et de cette société n'est posé. Cinq ans plus tard et 7 milliards de déficits plus loin, rien n'a changé et surtout, le plus grave, le problème de fond, celui de l'activité de cette entreprise, n'est pas posé. Les causes immédiates du fiasco (Olkiluoto, UraMin -sans se poser la question des rétro-commissions-, les mauvais choix dans le renouvelable) sont mises en avant. Jamais la question de l'intérêt de l'activité de l'entreprise telle qu'elle existe aujourd'hui n'est posée. Une fois le département des réacteurs transféré à EDF, les activités d'Areva ont-elles la moindre chance de permettre à l'entreprise de redevenir rentable ? Rien n'est moins sûr car, contrairement aux propos de Philippe Varin, ou aux rêves de l'économiste Élie Cohen osant affirmer que lorsqu'on construit une centrale nucléaire aujourd'hui dans le monde, on pense avant tout à la France (Voir "L'atlas mondial du nucléaire" aux Editions Autrement), le cœur de métier d'Areva est sorti des radars. Le retraitement n'a plus aucune raison d'être et seule l'obligation mise à la charge d'EDF de faire retraiter ses déchets justifie le centre de la Hague. Quant à la production de combustible, le MOX, elle est en chute libre et la production d'uranium se heurte à des difficultés croissantes et donc à des coûts croissants.

Pourtant, le gouvernement décide sans aucun débat public d'allouer 5 milliards d'euros à Areva, qui sont évidemment à fonds perdus dans le contexte actuel. A l'heure où ces lignes sont écrites le montant du déficit pour 2015 n'est pas connu mais il est annoncé comme très lourd. Il n'y a aucune raison pour que cela ne continue pas dans les années qui viennent, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Depuis Fukushima, je ne suis plus seule à alerter la gouvernance française sur ses graves erreurs. La Cour des Comptes ou la commission d'enquête parlementaire conduite par Denis Baupin sont autant de petits cailloux qui viennent se placer dans la chaussure d'une filière moribonde.

Et le pire est sans doute que Areva risque d'entraîner dans sa chute EDF. En effet, le gouvernement contraint EDF à racheter un département d'Areva et dans le même temps maintient l'obligation faite d'acheter le combustible (plus cher que ses concurrents) y compris du MOX (plus dangereux que le combustible classique) et de faire retraiter les déchets. Ces coûts supplémentaires risquent fort d'être la goutte d'eau qui va faire déborder le vase déjà bien rempli des dépenses d'EDF. La vérité est qu'EDF n'est probablement pas en capacité de financer les deux réacteurs anglais (voir la procédure d'alerte lancée par les syndicats en décembre 2015) et ne l'est certainement pas si les investissements en matière de sécurité et de sûreté sont effectués au niveau nécessaire. À cet égard, les propos très anxiogènes de Pierre-Franck Chevet président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire sur les incertitudes qui pèsent sur la sécurité nucléaire sont lourds de conséquences et de sous-entendus.

Cette politique de gribouille est non seulement calamiteuse en termes de finances publiques, catastrophique en termes de risques, absurde en termes industriels mais aussi très cruelle en matière d'emplois. Au lieu de considérer qu'il faut impérativement réduire la part du nucléaire (qui ne le sera probablement pas malgré la loi sur la transition énergétique en l'état actuel des choses), devenir une grande puissance dans le domaine des renouvelables et se reconvertir dans des secteurs rentables comme le démantèlement des centrales nucléaires (la France ne compte pas à ce jour, contrairement à l'Allemagne, parmi les grands acteurs) le gouvernement et les acteurs du nucléaire continuent dans une forme de religion à investir des fonds publics -pourtant fort rares- dans des choix parfaitement inutiles et contre-productifs. Les 5 milliards dont il est question pourraient en effet être utilisés différemment. Ainsi, 1 milliard d'abord devrait impérativement être consacré à construire avec les Allemands une usine de taille européenne autour d'un solaire très compétitif. Tout est prêt sur ce projet... sauf que le gouvernement ne veut pas le payer. Décider de faire ce projet en permettant à Areva de devenir un grand acteur du renouvelable aurait du sens. Les structures existantes au CEA et EDF énergies nouvelles pourraient parfaitement rejoindre cette construction. Un autre département d'Areva pourrait être consacré à la maintenance et au démantèlement des centrales nucléaires. Ceci permettrait de mettre un terme au retraitement qui n'a plus aucun sens et d'utiliser les compétences et savoir-faire dans des secteurs rentables. Au moins, l'argent du contribuable constituerait-il une source d'investissement et non pas une gabegie supplémentaire.

Mais pour cela, encore faudrait-il que le corps des mines et les ingénieurs (voir "L'Etat nucléaire" aux Editions Albin Michel) reconnaissent s'être trompés et sortent pour cela de la technique du bouc émissaire en acceptant de considérer que le nucléaire appartient au XXème siècle et qu'il ne représentera au début du XXIème siècle qu'une très faible contribution au mix énergétique planétaire.

 

Avocate, Ancienne députée européenne Cap21, ancienne ministre de l'Environnement

 

 

Source :  Huffington Post

http://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/cout-energie-nucleaire_b_9125548.html

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