Invitée du 2ème Sommet de l'économie, l'ancienne ministre de l'Environnement juge que les mentalités ont évolué positivement depuis l'échec de Copenhague en 2009 et se félicite des engagements de la Chine.
Publié le 05-11-2015
Le vent a tourné depuis l'échec de la Conférence sur le climat de Copenhague en 2009. C'est le message qu'a tenu à faire passer, Corinne Lepage, invitée au 2ème Sommet de l'économie organisé par Challenges ce jeudi 5 novembre. A trois semaines du début de la COP21 qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre, l'ancienne ministre de l'Environnement (1995-1997), a estimé que "le poids des climatosceptiques est beaucoup moins important qu'il y a six ans" où les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avaient fait l'objet d'une "diatribe incroyable".
"L'approche est bien plus concrète en 2015 et les résultats sont meilleurs puisque 146 États représentant 90% des émissions mondiales de CO2 ont publié leurs engagements" a-elle ajouté, en nuançant qu'il y avait "encore du chemin à parcourir puisque cela nous amène à un réchauffement climatique de 2,7 degrés au lieu des 2 degrés prévus d'ici 2100". Les représentants des 195 pays qui se retrouveront à paris négocieront en effet un accord mondial visant à limiter le réchauffement climatique à 2 degrés par rapport à l'ère préindustrielle et applicable dès 2020.
>> Retrouvez l'intégralité de l'intervention de Corinne Lepage en vidéo:
"Cet engagement de la Chine est important"
La présidente du rassemblement citoyen Cap21 s'est également félicitée de l'accord signé lundi entre la Chine et la France comportant notamment l'exigence d'une révision des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) tous les cinq ans. "Cet engagement de la Chine est important (…), prévoir une clause de revoyure est un élément fondamental".
Corinne Lepage a aussi mis en avant la loi sur la transition énergétique du gouvernement de Manuel Valls qui "demande aux investisseurs de s'expliquer sur leurs choix environnementaux" ainsi que l'action de certaines entreprises comme Blablacar qui sont "révolutionnaires et proposent un modèle qui change la donne". L'avocate engagée dans la cause environnementale a également apporté son soutien à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières affectée à la lutte contre le changement climatique ainsi qu'à la mise en œuvre "d'un véritable prix du carbone".
En retard sur les 100 milliards promis aux pays pauvres
Corinne Lepage a toutefois tenu à rappeler que la promesse des pays développés, faite en 2009 à Copenhague, de verser 100 milliards de dollars aux pays pauvres en 2020 pour s'adapter au changement climatique, était "compromise". "Les discussions n'avancent pas sur cette question qui est cruciale, a-t-elle précisé. Les 100 milliards n'y seront pas et c'est un gros problème car les pays pauvres ne voudront pas aller plus loin à Paris s'il n'y a pas d'avancée sur ce sujet". A l'heure actuelle, seuls 10 des 100 milliards promis ont été débloqués par les États. A titre d'indication, l'OCDE a évalué l'aide climatique actuelle par an du Nord vers le Sud à un peu moins de 62 milliards de dollars en 2014.
S'agissant des engagements des États, l'ancienne ministre a enfin tenue à apporter un bémol en précisant que si 146 États avaient publié leurs engagements, on comptait parmi les récalcitrants, plusieurs pays, gros producteurs de pétrole, comme l'Arabie saoudite, l'Iran ou le Venezuela. "Ce n'est pas un bon signal donné" a-t-elle appuyé, avant de conclure qu'il y aura bel et bien "un avant et un après COP21".
Source : Challenges
http://www.challenges.fr/sommet-de-l-economie/20151105.CHA1311/pour-corinne-lepage-il-y-aura-un-avant-et-un-apres-cop21.html