Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cap21 LRC Toulouse

L'attaque des clones épisode 2

22 Avril 2014, 14:34pm

Publié par Corinne Lepage

L'attaque des clones épisode 2

De se battre dans le prochain Parlement, le député européen devra se charger.

Un des dossiers qui empoisonne le plus les relations entre la Commission et le Parlement européen depuis 2009, le clonage est. L'impact des négociations commerciales sur la capacité de l'Europe à légiférer en fonction de ses valeurs et de ses intérêts, ce dossier illustre le mieux.

En 2009, contre rapporteur par mon groupe sur le règlement "Nouveaux aliments", j'ai été nommée. De nouvelles procédures d'évaluation et d'autorisation pour les aliments qui ne faisaient pas partie du régime alimentaire européen avant 1997, ce règlement définit. De règlementer aussi bien des aliments exotiques que des additifs techniques, tels que les nanomatériaux, il s'agit. En 2010 à cause la question du clonage, les négociations ont finalement échoué si bien que jamais le texte n'a été adopté. Après une nuit entière de négociation entre le Parlement, la Commission et le Conseil, constater l'échec à 7h du matin, il nous a fallu. Pourquoi?

Lire aussi:
La même thèse développée par Corinne Lepage, en mode "normal"

Quasi-unanime, le Parlement était, pour réclamer une interdiction du clonage animal et de la mise sur le marché de viande issue d'animaux clonés ou de leurs descendants. En effet, hypocrite et incohérent de refuser l'utilisation d'une technique qui engendre des souffrances animales sans encadrer la mise sur le marché des produits issus de cette technique, il serait. De plus, aucune étude approfondie sur l'impact sanitaire liée à la consommation de cette viande, il n'existe. Enfin, peuvent conduire les consommateurs à refuser cette viande, des raisons éthiques. Dans un souci de compromis, à minima, à accepter la mise sur le marché à la condition expresse d'un étiquetage de cette viande afin que les consommateurs puissent éviter d'en acheter, le Parlement était même prêt.

Si des dangers pour les consommateurs pour l'instant ne sont pas démontrés, que le clonage engendre des problèmes de santé et de bien-être tout autant pour les animaux clonés que les mères qui les portent jusqu'à la naissance montrent clairement les avis scientifiques de l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA). Qu'il existe une augmentation des problèmes de gestation chez les bovins et les porcins qui portent un clone et des fréquences accrues de naissance difficile, en particulier chez les bovins, l'EFSA constate. Qui rend la pratique des césariennes plus fréquente chez les bovins qui portent un clone que dans les cas de gestations classiques, La plus grande taille des descendants clonés est un facteur supplémentaire.

Dans les conclusions de son étude de 2008: "Il apparaît que, dans une proportion significative d'animaux clonés (...) la santé et le bien-être étaient sévèrement altérés, souvent avec des conséquences graves, voire fatales", l'EFSA indique. Pendant la grossesse ou à la naissance, la plupart des foetus clonés meurent. Naissent vivants seuls 6 à 15% des embryons de bovins clonés et environ 6% des embryons de porcs. Précocement en raison de problèmes comme des défaillances cardiovasculaires, des difficultés respiratoires et des systèmes immunitaires défaillants, nombre de ces clones meurent. Meurent avant le sevrage parmi ceux qui naissent en vie, jusqu'à 22% des veaux clonés, 25% des porcelets clonés et 50% des agneaux clonés. De façon significative, que "le taux de mortalité des clones est considérablement plus élevé que celui des animaux reproduit naturellement", l'EFSA souligne.

De plus la réduction de la diversité génétique des animaux d'élevage l'utilisation du clonage accélèrerait.

Ne contestent pas ces problèmes la Commission, et certains Etats-membres comme la Grande-Bretagne. Parce que les quelques pays susceptibles d'exporter cette viande (les Etats-Unis, le Canada ou l'Argentine par exemple) ne souhaitent pas prendre les mesures nécessaires pour organiser la traçabilité, qu'interdire la viande issue d'animaux clonés est infaisable ils estiment. Exactement les mêmes arguments que ceux utilisés dans les années 90 pour nous convaincre que l'étiquetage des OGM était impossible ce sont. Pourtant en 2003, sans provoquer une apocalypse commerciale, celui-ci a finalement été mis en place.

Lors des négociations de 2010, à sa demande Karel de Gucht, le commissaire européen en charge du commerce, qui m'avait déjà indiqué que légiférer sur le clonage aurait des répercussions commerciales pour l'Europe, notamment pour Airbus, j'avais rencontré. Si je voulais une guerre commerciale après m'avoir demandé, à ma suggestion d'étiqueter a minima les produits issus d'animaux clonés il m'avait répondu: « vous n'y pensez pas. Personne ne les achèterait! » activement impliquée dans les négociations au sein du Parlement pour faire échouer tout compromis sous prétexte de l'impact commercial des positions du Parlement, la Commission s'était. A l'époque ce que nul ne savait, c'est que déjà les négociations sur l'accord commercial transatlantique la Commission préparait (TAFTA ou TTIP en anglais). Or, ce qui n'est pas interdit...est autorisé... Pas d'accord signifiait pas d'interdiction... CQFD bouclée la boucle est.

En décembre 2013, une nouvelle version du règlement Nouveaux Aliments, expurgée du clonage, qui fait l'objet de deux propositions spécifiques, la Commission européenne a finalement présenté. Effectivement d'interdire le recours à la technique du clonage sur le territoire européen, ainsi que la mise sur la marché d'animaux et d'embryons clonés, et de la viande qui en est issue, la Commission propose. Qu'à des fins reproductives et coutant 80.000 euro l'unité, les clones eux-mêmes ne sont utilisés. Personne ne va les consommer ! en revanche,dans les assiettes des Européens, ce sont leurs descendants qui finissent. Rien à ce sujet la Commission ne propose.

Pour couronner le tout, et éviter toute difficulté, une base juridique qui exclut l'intervention comme rapporteur de la commission Environnement, protection des consommateurs et sécurité alimentaire qui en était responsable jusqu'à présent, le collège des commissaires a choisi! Et sur la question de la mise sur le marché de viande clonée, que comme une question de bien être animal, soumise à la simple procédure de de "consentement", elle n'est présentée. Autrement dit, même pas proposer des amendements au texte de la Commission, le PE ne pourra!

En attendant de fortes chances que les Européens consomment déjà de la viande issue d'animaux clonés sans le savoir, il y a. Et pendant que l'UE ne fait rien, se développe l'utilisation de la technique et dans quelques années, que son usage est trop répandu pour que l'on puisse envisager de réclamer une traçabilité, sans même parler d'une interdiction, on nous dira!

Deux conclusions de ce qui précède il faut tirer:

 

  • D'une part, bien la primauté accordée au commerce sur toute autre considération par M. Barroso et certaines élites européennes, bien éloignées des préoccupations des citoyens européens, cette question du clonage illustre. Surtout les dangers du TTIP elle illustre. Tout à perdre, L'UE a, à vouloir harmoniser ses normes avec les Etats-Unis. Risquent d'être affaiblis non seulement les législations sanitaires et environnementales, et cela concerne des sujets comme les OGM, les nanotechnologies, les pesticides ou la règlementation des produits chimiques, par exemple. Mais également la Commission européenne, qui est la seule institution européenne à disposer du pouvoir d'initiative, celui de proposer des lois, de légiférer sur des sujets d'intérêt général, afin de montrer sa bonne volonté à nos « partenaires commerciaux » ces négociations dissuadent.
  • D'autre part, en fonction de leur capacité à résister aux lobbys et à se battre pour le modèle européen, dont la protection des consommateurs et de l'environnement fait partie le choix des députés doit se faire. Tête à la condition que ses élus le veuillent l'Europe peut tenir. L'enjeu des élections européennes est.

 

Source :  Huffington Post

http://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/lattaque-des-clones-episode-2_b_5184447.html

Commenter cet article