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Cap21 LRC Toulouse

Discours de Corinne Lepage lors de la cérémonie de commémoration de la shoah – le 27 Janvier 2014 à Auschwitz

27 Janvier 2014, 19:10pm

Publié par Corinne Lepage

Corinne Lepage

Corinne Lepage

« Des millions de personnes hommes, femmes et enfants ont été gazés ici pour un seul crime : être ce qu’ils étaient, juif, tzigane, handicapé, prostituée ou homosexuel. Les rares rescapés sont des survivants, même si l’horreur absolue qu’ils ont vécue en a fait des êtres hors du commun. J’ai le privilège, pour en avoir connus de manière très proche, d’avoir compris comment le comble de l’abomination peut engendrer une humanité et une forme de bienveillance absolues. Ces hommes et des femmes que les nazis voulaient transformer en bêtes avant de les transformer en cendres et qui ont survécu ont pu donner au monde une des plus grandes leçons de dignité humaine qui soit, rassemblant en eux même les trésors dont l’humanité peut aussi être capable.

Pourtant les morts d’Auschwitz et de Birkenau ne suffisent pas à certains nostalgiques du nazisme qui ont fait alliance avec de nouveaux fascistes intégristes. Ils ont programmé une seconde mort des victimes de la Shoah par la dérision et la négation pour réécrire une Histoire qui les dérange. Le combat des vivants d’aujourd’hui, alors que s’éteint la génération qui a vécu la Shoah est non seulement celui de la Mémoire, mais celui de la vigilance. Dans le roman « Le transport de A.H. » daté de 1981,  Georges Steiner imagine un Hitler retrouvé en Amérique du sud fustigeant et narguant les jeunes générations venues l’arrêter. Prétendant être parvenu à incarner le monde moderne, il prétend que les générations suivantes en multipliant les génocides dans la deuxième partie du XXème siècle n’ont  rien fait d’autre que l’imiter. Si des génocides ont été commis en nombre depuis 60 ans, il ne s’agit pas d’entrer dans un concours mémoriel aussi dangereux qu’infondé. En revanche, il s’agit de se rappeler sans cesse de quoi les hommes sont capables, que les peuples civilisés peuvent devenir des monstres et que les moyens modernes de communication sont des outils de mobilisation sans précédent pour le pire comme pour le meilleur. Le devoir de vigilance est un impératif autant que le devoir de mémoire. L’Humanité est à ce prix. »

 

Source :

http://www.corinnelepage.eu/discours-de-corinne-lepage-lors-de-la-ceremonie-de-commemoration-de-la-shoah-le-27-janvier-2014-a-auschwitz/

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